
Réunis mercredi à Matignon pour un entretien de près de deux heures et demie avec le Premier ministre, les représentants de l’intersyndicale ont jugé que Sébastien Lecornu n’avait apporté « aucune réponse claire » à leurs revendications. À l’issue de cette rencontre, ils ont annoncé une nouvelle journée de grèves et de mobilisation le 2 octobre, date qui doit être confirmée en fin de journée.
« Le Premier ministre n’a apporté aucune réponse claire aux attentes des travailleurs et des travailleuses », a regretté la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon.
Toujours sans gouvernement et en quête d’un compromis budgétaire, notamment avec le Parti socialiste, Sébastien Lecornu recevait l’ensemble des syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires) en présence de trois ministres démissionnaires : Catherine Vautrin (Travail, Santé et Solidarités), Astrid Panosyan-Bouvet (Travail et Emploi) et Laurent Marcangeli (Fonction publique). Les organisations syndicales, arrivées ensemble, ont quitté Matignon d’un même pas pour exprimer publiquement leur mécontentement.
L’assurance chômage, seul point de satisfaction
Le seul sujet jugé en bonne voie par l’intersyndicale est l’abandon d’une nouvelle réforme de l’assurance chômage, selon Marylise Léon. En revanche, les syndicats disent n’avoir obtenu aucune clarification sur le doublement des franchises médicales, la suppression de 3000 postes dans la fonction publique ou encore la question de la justice fiscale. « M. Lecornu n’a donné aucun élément précis », a déploré la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, qui a résumé la rencontre à « deux heures de langue de bois ». Elle a ironisé : « J’aurais été plus efficace à préparer des banderoles. »
La réforme des retraites reste au cœur des revendications syndicales. « Ça fait partie des sujets qui ont été le moins clair », a observé Marylise Léon, tandis que Sophie Binet a noté que le Premier ministre « n’a pas dit un mot d’une éventuelle suspension ».
Depuis son arrivée à Matignon, où il avait promis « des ruptures », Sébastien Lecornu a multiplié les rencontres bilatérales avec les organisations syndicales. Après la journée de mobilisation du 18 septembre, il avait proposé une nouvelle réunion commune. Mercredi après-midi, il devait encore recevoir les organisations patronales, après avoir consulté ces derniers jours les partis de son camp politique – du centre et de la droite – avant de chercher un compromis avec les socialistes.
Le patron du Medef, Patrick Martin, a d’ores et déjà dénoncé des « théories dangereuses pour nos entreprises », citant notamment la taxe Zucman. Il a annoncé la tenue prochaine d’un « énorme meeting ».
Selon deux sources syndicales, le chef du gouvernement aurait reconnu lors de l’échange être « le plus faible Premier ministre de la Ve République » : « Je ne suis pas Édouard Philippe, je n’ai pas 350 députés sur lesquels m’appuyer. »
« Nous voulons l’abrogation de la réforme des retraites »
Les syndicats réclament l’abrogation du report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, l’arrêt du gel des prestations sociales et d’une nouvelle réforme de l’assurance chômage, mais aussi une « conditionnalité sociale et environnementale des aides publiques aux entreprises privées ». « Nous voulons l’abrogation de la réforme des retraites puisque c’est la source de tous les problèmes », a insisté Sophie Binet avant l’entretien.
D’ici la journée d’action du 2 octobre, d’autres mouvements sont déjà programmés. Jeudi, des organisations de jeunesse appellent à manifester « dans la continuité » des journées des 10 et 18 septembre, mais aussi contre le manque de moyens dans les universités. Vendredi, la FNSEA prévoit de descendre dans la rue pour protester, notamment contre l’accord commercial avec les pays du Mercosur.
« De la CGT à la CFTC, on souligne l’ampleur de la colère qui s’est exprimée le 18 septembre », rappellent les responsables syndicaux. Marylise Léon sera l’invitée du journal de 20 heures de France 2 ce mercredi soir.
Avec AFP
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